Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/354

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son client, ne manquait pas, à chaque visite, de faire à cette circonstance quelque allusion détournée. Il le recevait en souriant d’un air entendu, l’accablait de prévenances narquoises et de clins d’yeux. Il discourait sur les coûteuses fantaisies des belles. La vérité est qu’il admirait fort M. de Galandot pour ce qu’il appelait sa belle conduite.

Le banquier aimait les femmes, et sa vie avait été un combat acharné entre sa paillardise et son avarice. Aussi considérait-il avec respect les dépenses de M. de Galandot pour Olympia. Pour un peu, il l’en eût loué directement. Il se bornait pourtant à quelques considérations générales, tout en regrettant de ne pouvoir aller plus loin. M. de Galandot lui paraissait maintenant un homme avec qui on pouvait parler, mais qui ne répondait guère, car il s’empressait d’empocher ses ducats et ses sequins, tandis que M. Dalfi lui disait tout en le reconduisant et en le tirant par la manche : « Ah ! seigneur Galandot, les femmes… les femmes… »

Et comme il le voyait s’éloigner à grands pas, le dos courbé, maigre et dégingandé, il ne doutait point qu’il dût sa démarche chancelante et son air distrait aux fatigues de l’amour qui vident les cerveaux, font saillir les côtes et amollissent les jambes.

En cela, il se trompait lourdement. La seule vue d’Olympia semblait maintenant suffire à ce bizarre amoureux. Son assiduité silencieuse ne laissait pas que d’agacer la signora. Cette paresseuse détestait qu’autour d’elle on ne fît rien. Aussi