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Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/363

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paraissait plus vieux que son âge, d’autant plus que, depuis quelques jours, il se montrait taciturne, de mine singulière, peu dispos et mal en point.

La haute porte franchie, il se trouva dans un vaste vestibule. Le lieu bourdonnait d’une livrée nombreuse et bigarrée. Sur les banquettes étaient assis des drôles en souquenilles de couleur, qui causaient bruyamment entre eux. Au centre un groupe de valets jouaient aux quilles. La partie était animée. M. de Galandot s’en aperçut en recevant entre les jambes une des boules de buis qui faillit bien le faire tomber. Personne d’ailleurs ne faisait aucune attention à lui. Il avisa dans un coin deux domestiques. Ils étaient assis à terre, les jambes croisées, et jouaient aux cartes. Le plus âgé leva vers M. de Galandot un visage dédaigneux et, à sa question, se borna à lui indiquer du doigt un maraud galonné qui l’écouta insolemment et sortit sans répondre. M. de Galandot attendait debout auprès de sa caisse verte quand l’homme revint et lui fit signe de le suivre.

Il traversa d’abord une longue galerie. Des colonnes plates de marbre antique soutenaient un plafond peint d’où pendaient des lustres de cristal. Une mosaïque pavait le sol. Le laquais, en passant, cracha négligemment sur une figure de déesse qui cambrait dans un médaillon son corps quadrillé. Plus loin une petite pièce ronde à coupole contenait des pupitres et des instruments de musique et donnait accès à une salle carrée. De grands miroirs ornaient les murs. Sur