Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/374

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souple comme dans une chair à la fois vivante et éternelle. Il exprimait vraiment ce que la vie a d’harmonieux et de sain et qui se montre en l’homme par l’exactitude des proportions et la dignité de la stature ; et il y avait une ironie et un contraste singuliers entre cette belle prestance virile, debout au piédestal, et le piteux personnage qui la considérait d’en bas, en sa silhouette ridicule et qui, avec ses bas roulés, son habit à longues basques, sa perruque de travers, représentait tristement ce qu’était devenu, par degrés, jouet d’une destinée obscure et baroque, aux mains d’une fortune narquoise, Nicolas-Louis-Arsène, comte de Galandot, seigneur de Pont-aux-Belles, en France et, à Rome, réduit, entre la courtisane Olympia et le rufian Angiolino, à n’être plus qu’une sorte de serviteur qui faisait les courses au lieu de Jacopo et recevait, à sa place, pour sa peine, l’étrenne domestique d’un petit écu.