Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/376

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et dorée. M. de Galandot marcha longtemps, jusqu’au soleil couché. Une fontaine coulait au milieu d’une petite place. Il s’arrêta ; une cloche sonna doucement. Il reprit sa course comme s’il savait maintenant où aller. Peu à peu aux maisons succédèrent des jardins et des vignes. Il reconnut une ruelle, se mit à courir, arriva à une porte, la poussa et se trouva dans une cour pavée. Il était devant sa villa du Janicule. L’escalier double montait à la terrasse à balustre. Il fit le tour de la maison et se dirigea vers la porte basse qui donnait entrée aux cuisines de la vieille Barbara. La porte était fermée.

Par hasard, Barbara était absente pour trois jours. Comme depuis des mois M. de Galandot n’avait pas reparu, la vieille servante, qui vivait là du produit de son poulailler et du gage que lui payait M. Dalfi, croyait bien pouvoir quitter son poste sans dommage. Aussi avait-elle emporté les clefs, recommandé sa volaille à un frère du couvent voisin et, après vingt chapelets, pris le parti de cette escapade. Le tailleur Cozzoli mariait sa fille Mariuccia. Pour la première fois de sa vie, il délaissait l’aiguille, le dé et les ciseaux et quittait sa boutique pour plus d’une heure. Certes les mannequins solitaires devaient converser de cet événement avec la pie abandonnée. On dansait à l’auberge où Mariuccia, après son mariage avec l’hôtelier, allait tenir comptoir ; et la tante Barbara était de la noce.

Une surprise douloureuse décontenança M. de Galandot. Il semblait ne pas comprendre, puis il