Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/378

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blait tenir comme autrefois l’amphore de terre cuite d’où il avait versé les ducats. Comme aujourd’hui, l’un d’eux avait roulé en cercle. C’était le lendemain du jour où il avait vu Olympia couchée sur sa terrasse et mangeant une grappe de raisins. Ne la voyait-il pas là maintenant devant lui, comme jadis, allongée sur le balustre de pierre ? C’est elle. La mule jaune pend à son orteil et claque à son talon nu. Elle a l’épaule découverte et la gorge au vent. C’est bien elle. Le collier d’émeraudes brille à son cou. Il la touche. De ses mains, il tâte son corps souple. Sa chair fond sous ses doigts. Il se penche sur elle. Tout à coup, il s’arrête sans savoir pourquoi, et le voici qui rassemble les vêtements tombés, les plie et les porte soigneusement sur son bras. Il met le collier dans l’écrin, ramasse la grappe à demi mangée et lentement il s’en va sur la pointe des pieds, portant à ses doigts les petites mules de satin jaune… comme un valet… comme un valet…

La nuit était venue, claire et transparente. M. de Galandot descendit les marches de l’escalier. Arrivé au bas, il se mit à pleurer doucement. À un coin de la cour, dans l’ombre, se dressait la vieille chaise de poste. Il s’en approcha à pas lents. Il murmurait entre ses dents de vagues paroles où revenait ce mot : « partir ». De sa main intacte, car l’autre le faisait souffrir du clou qui l’avait pénétrée, il ouvrit la portière et regarda dans la voiture.

Une odeur fade et âcre à la fois s’en exhalait. Un doux bruit s’y faisait entendre. Elle était