Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/409

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tenir dans la sienne, d’en sentir la chaleur fiévreuse ou la sueur glacée fit frissonner Angiolino. Olympia le toisait. Elle retroussa sa chemise et se gratta le genou, puis elle cracha par terre, haussa les épaules et dit :

— « Lâche ! »

Angiolino, sans répondre, alla à un petit meuble, ouvrit un tiroir, en tira un papier plié en quatre qu’il déplia lentement. Olympia lisait par-dessus son épaule. Elle se pencha, posa le doigt sur un chiffre inscrit en gros caractères.

— « Il faut y aller », dirent-ils en même temps.

Depuis un instant, la petite chienne Nina, pelotonnée au pied du lit, s’agitait. Elle avait ouvert l’œil, remué une oreille. Elle finit par se dresser sur ses pattes. Sa langue rose lui pendait au coin de la bouche. Ses griffes piétinèrent le drap. Elle se mit à japper doucement et les regarda sortir.

Ils descendaient l’escalier. Les marches leur semblaient plus hautes que de coutume ; à chaque pas, ils croyaient mettre le pied dans un trou. Olympia portait le flambeau, Angiolino une petite écritoire de corne avec une plume d’oie. Ils se tenaient par la main. Ils arrivèrent ainsi au vestibule, puis suivirent le couloir qui menait aux cuisines et s’arrêtèrent devant une porte fermée. Angiolino regarda par le trou de la serrure, puis y colla son oreille pour écouter. Il n’entendit aucun bruit.

— « Il doit être mort, dit-il en se relevant, si nous remontions ? »

Olympia écouta à son tour.

— « Entends-tu ? » dit-elle.