Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/411

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se recourbaient vers les joues creuses. Il semblait sculpté dans une glaise jaune, sèche et comme prête à s’effriter sous les doigts.

Olympia, son flambeau à la main, s’était assise sur le lit. M. de Galandot ouvrit les yeux ; il respirait avec peine. Olympia se pencha sur lui.

— « Voyons, mon vieux Galandot, qu’est-ce qu’on me dit, tu es malade ? Tu ne souffres pas, au moins ? Mais non, tu as voulu nous faire peur ? Ce n’est pas vrai, n’est-ce pas ?… As-tu faim ? Veux-tu souper ? On dressera la table. Allons, lève-toi ; habille-toi. Tu vas mettre ton bel habit vert que t’a fait Cozzoli, Cozzoli de la rue del Babuino, celui qui coud assis sur une table avec sa pie sur l’épaule. Tu mettras aussi ta perruque, ta grande perruque. Veux-tu que je t’aide ? Viens. Tu ne vas pas rester ici tout seul ? »

M. de Galandot regardait Olympia d’un œil hagard. Une quinte de toux le souleva à demi. Olympia voulut lui prendre la main. Il la retira brusquement. Il l’ouvrait et la refermait alternativement, puis la gardait ouverte et semblait en examiner la paume vide avec attention. Le dégoût se marquait sur son visage et il secouait ses doigts comme pour en faire tomber quelque chose de répugnant, sans doute l’image de la pièce d’or qu’y avait déposée jadis Lamparelli.

— « Finis donc ! continua Olympia ; ta main n’a rien. Tu n’as pas du tout mal à la main. Tu as la main aussi ferme que lorsque tu signes ton nom au bas des reçus de Dalfi. Tu sais quand tu écris au bas : « Galandot ». Veux-tu essayer de signer