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VI


Mme de Galandot n’accepta pas d’un seul coup les arrangements de l’abbé Hubertet et de M. du Fresnay au sujet de sa nièce Julie de Mausseuil ; bien au contraire. Elle refusa net de la recevoir chez elle pendant les trois mois que l’enfant ne passerait pas au Fresnay. L’abbé se voyait fort embarrassé, d’autant plus que ses sentiments se trouvaient en jeu en même temps que son devoir. Il ressentait en son cœur une sincère pitié envers la petite abandonnée. Quels souvenirs bizarres devait garder l’enfant des gens parmi lesquels elle venait de vivre, entre un père hypochondre et une tante bariolée et falote, dont la folie dégénérait parfois en crises furieuses où elle se roulait en écumant et d’où elle sortait chaque fois plus idiote et plus dégradée !

Il paraissait indispensable à l’abbé d’éloigner au plus vite Julie de ces impressions dangereuses et funestes. Son séjour au Fresnay, dans cette maison bienveillante, gaie, toute pleine de l’odeur des pâtisseries, du parfum des élixirs et d’un concert de musiques, lui ferait oublier aisément peu à peu les tristes et mauvais spectacles de Bas-le-