Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
du sang des combattants, au temps des luttes acharnées des Bretons et des Anglais.
En 1079, Philippe Ier était roi des Français, et Hoël IV, duc de Bretagne, lorsque dans ce bourg et dans ce château, son domaine, un personnage noble, Bérenger, eut de sa femme Lucie un fils qu’il nomma Pierre[1]. C’était l’aîné de sa famille, qui s’augmenta bientôt de plusieurs enfants; ses autres fils s’appelèrent Raoul, peut-être Porcaire et Dagobert, et sa fille, Denyse. Le père, avant de prendre le métier des armes, avait reçu de l’instruction, et il en conservait un tel goût pour les lettres qu’il voulut le transmettre à ses enfants et faire précéder par quelques études leur éducation guerrière. L’amour qu’il por-
- ↑ Le Pallet, Palatium (on trouve aussi Palet, Palais, Paletz, Palez), est situé à 19 ou 20 kilomètres au sud-est de Nantes, sur la route de Chollet et de Poitiers, "oppidum... aburbe Nannetica versus orientem octo "miliariis remotum". L’église est sur le penchant d’une butte, appelée encore la butte d’Abélard. C’est l’ancienne chapelle du château, donnée à la commune, comme je l’ai appris du curé en 1843, par le dernier seigneur Barin de Froidmanteau, de la même famille que les La Galissonnière, dont la résidence se voit à moins d’une demi-lieue en avant. Les ruines du château, détruit d’abord en 1420, puis sous Louis XIII, ou quatre pans de murs, hauts de 1 mètre environ, renfermant un carré d’à peu près 30 mètres de côté, passent pour la maison d’Abélard, qu’on a dit aussi né dans une autre maison plus modeste, démolie il y a sept ou huit ans par M. Dufrêne, procureur du roi. Bérenger peut avoir été châtelain du lieu quoiqu’il fût Poitevin, suivant l’unique témoignage d’une des épitaphes d’Abélard (ex Chron. Rich. Pictav.), Namque oritur patre Pictavis et Britone matre, si toutefois on n’a pas fait confusion avec Bérenger de Poitiers, dont il sera question plus bas. Mais rien n’empêche de voir en lui l’ancêtre de ces seigneurs du Pallet qui, jusqu’au XVe siècle, figurent dans les annales de la Bretagne. Son fils est souvent désigné sous le nom de Palatinus et quelquefois de Nannetensis. (Ab. Op., ep. 1, p. 4. - Johan. Saresb. Policrat., l. II, c. xxii, et Metal., l. 1, c. v, et l. II, c. x. - Rec. des Hist. des Gaules, t. XII, p. 415, et t. XIV, p. 303-304. - Hist. de Bret., par