Page:Rémusat - Le Livre des récompenses et des peines.djvu/19

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amis et ses voisins. Cependant un jour il fut emporté par une mort subite ; mais vingt-quatre heures après il revint à la vie. Il raconta à sa femme qu’il avait été entraîné par un homme au séjour ténébreux. « Là, dit-il, je vis devant un pavillon une foule d’hommes debout et revêtus de haillons ; la plupart étaient des paysans morts de l’une de ces famines qui désolent souvent nos provinces et dépeuplent quelquefois toute une contrée. Je fus saisi d’une terreur inexprimable. Mais bientôt je vis paraître, au milieu d’eux, un homme assis dans le pavillon. C’était le génie d’une étoile, et il en avait la splendeur sur le visage. Il me fit approcher de lui et me parla ainsi : Tu te trouves en ce moment parmi des misérables morts de faim. Mais comme tu as toujours été pénétré de respect pour le Livre des Récompenses et des Peines, tu peux reprendre courage. Je n’ignore pas qu’il y a encore dans ce livre beaucoup de préceptes que tu n’as pas réduits en pratique. Mais beaucoup de ceux qui ont entendu tes discours se sont convertis. Il y en a même qui y ont pris le germe de vertus qui les ont élevés