Page:Rémusat - Le Livre des récompenses et des peines.djvu/53

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ira jusqu’à la septième génération ; s’il en a dix mille, il peut tout ; il s’élève en l’air en plein jour. »

(10) Le peuple du Ciel : au sujet de cette expression d’une touchante simplicité, je transcrirai un passage du livre de Mencius où elle se trouve expliquée : « Le Roi de Thsi désira quelques instructions sur le véritable art de régner. Autrefois, répondit le philosophe, du temps que Wen-wang régnait dans la ville de Ki, on n’exigeait des laboureurs qu’un neuvième des produits de la terre ; les magistratures étaient héréditaires ; on examinait les marchandises aux douanes et dans les marchés, mais on n’y exigeait pas de droits. Les lacs poissonneux et les ponts étaient accessibles à tout le monde. On n’enveloppait pas la postérité des coupables dans leur punition. — Ceux qui sont vieux et sans épouse s’appellent Kioung ; les femmes âgées qui n’ont point de maris se nomment Koua ; ceux qui sont vieux sans enfans se nomment To ; ceux qui sont jeunes et privés de leurs pères se nomment Kou. Ces quatre sortes de malheureux sont le pauvre peuple de l’empire. Ils n’ont personne à qui ils puissent adresser leurs plaintes. Aussi Wen-wang, qui répandait sur tout le monde les bienfaits d’un gouvernement pieux, mettait au premier rang les quatre sortes de malheureux. Une ode dit : Oui, vous pouvez exiger des tributs, mais des riches seulement ; soyez rempli de compassion pour ces êtres souffrans