Page:Rémusat - Le Livre des récompenses et des peines.djvu/76

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que quand on a bien saisi l’ensemble d’une doctrine. C’est ce que j’espère pratiquer sur la philosophie bouddhique, quand j’aurai terminé la traduction de la Somme dont il s’agit. Il me paraîtrait téméraire de l’essayer auparavant, avec des rêveurs comme les Bouddhistes, qui, entassant abstractions sur abstractions, prennent pour point de départ dans leurs méditations l’incompréhensible et l’infini, et repaissent une imagination désordonnée, de chimères qui feraient le tourment de la nôtre.

(25) « Celui qui se lève la nuit et marche nu dans l’obscurité, rencontre les esprits qui vont et viennent, et c’est un grand péché de se montrer à eux dans cet état. Un homme se plaisait en été à rester nu au sortir du bain, et prenant une guitare, il chantait de toutes ses forces ; mais un jour, ayant par hasard levé la tête, il aperçut sur le rebord du toit de sa maison un nuage d’où sortait le dieu de la guerre ; il était accompagné de deux hommes qui tenaient un drapeau et une épée flamboyante. Le chanteur fut frappé de terreur ; il reprit ses habits et son bonnet en toute hâte, et se mit à brûler des parfums. Quand il fut resté quelque temps occupé à ce devoir, il cessa de voir les dieux qui l’avaient épouvanté. »

Une jeune fille de Pheng-tchhing, d’une famille distinguée, était affligée de vapeurs ; elle pleurait et soupirait sans motif ; elle se levait nue et courait comme une furieuse. Les médecins qu’on avait consultés n’avaient pu la