colas. Regardez.
le bailli, (le regardant fixement.) C’est cela même. Eh bien ! je connais à présent la cause de ton mal.
colas. Vous badinez ?
le bailli. Je te parle sérieusement.
colas.. Oui ? Eh bien ! comment appelez-vous ça ? C’est ty dangereux ?
le bailli. Non, c’est ce qu’on appelle la maladie de l’amour.
colas, (riant niaisement.) De l’amour. Hé à quoi diantre connaissez-vous ça, vous ?
le bailli. Je ne m’y trompe jamais, et je te dirai de plus le nom de celle que tu aimes.
colas.. Oh ben, ça serait drôle, voyons, dites-le moi.
le bailli. C’est Colinette.
colas. Colinette ?
le bailli. Oui, l’orpheline de M. Dolmont.
colas, (riant.) Mais, mais, vous êtes pire qu’un sorcier.
le bailli, (à part.) Voilâmes soupçons confirmés, (haut) Eh bien ! n’ai-je pas deviné ?
colas. Tenez, je n’voulions pas l’dire, mais morguenne v’zavez mis l’nez dessus drès l’premier coup. Est-ce que vous la connaissez ?
le bailli. Comme ça, je l’ai vue quelquefois, chez M. Dolmont.
colas. Eh bien ! comment la trouvez-vous ?
le bailli. Mais assez gentille.
colas. Dites plutôt, qu’elle est ben jolie.
le bailli. Eh bien ! soit, jolie si tu veux. Y a-t-il longtems que tu la connais ?
colas. Pardine drès toute petite ; j’avons été élevés par ensemble ; sa mère et mon père étions amis et voisins ; y s’étions ben promis d’nous marier un jour par ensemble, mais malheureusement, je les avons perdus tous deux.
le bailli. Et c’est sans doute pour cela que tu veux parler à M. Dolmont ?