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LE RÉPERTOIRE NATIONAL

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n’est peut-être pas sans avoir déjà quel qu’amoureux, je l’ai vue quelquefois avec un certain Colas des environs… La jeunesse a de grands avantages, et cela ne laisse pas que de me donner quelque inquiétude.

Colas chantant sans être aperçu.

Allons danser sous les ormeaux, etc.

Mais le voici ! tâchons de découvrir ce qui en est.



Scène IV


COLAS, LE BAILLI.

colas. Serviteur à M. le Bailli.

le bailli. Ah ! te voilà, maitre Colas, tu me parais bien gai ce matin.

colas. Pas beaucoup, M. le Bailli.

le bailli. Comment ? il me semble qu’on n’est pas triste quand on chante.

colas. Je ne sis pourtant pas ben content, je vous assure.

le bailli. Qu’as-tu donc, es-tu malade ?

colas. Je m’porte assez ben, mais je n’mange ni n’dors, et pis par fois j’poussons des soupirs comme si m’étions arrivé quelque malheur.

le bailli. Mais c’est être malade que de ne pouvoir manger ni dormir.

colas. C’est une maladie sans mal, je sentons seulement là dedans queque chose qui m’tarabuste furieusement, et je viens pour en parler à M. Dolmont.

le bailli. À M. Dolmont ? est-ce qu’il est médecin ?

colas. Non, c’est l’Seigneur du village.

le bailli. Et bien ! que peut-il faire à cela ?

colas. Ly ! y pourrions d’un seul mot m’rendre gai comme un pinçon.

le bailli, (à part.) Je crains bien d’avoir deviné, (haut) Sais-tu que je suis un peu devin, moi, et que je puis te dire d’où vient cette langueur ! Voyons, montre-moi tes yeux.