LIVRE QUATRIÈME.
Quelle noblesse d’expression n’y a-t-il pas au commencement de ce livre ! Comme les fureurs de Satan sont admirablement décrites ! L’on voit un pinceau vigoureux qui nous trace avec un coloris éclatant, et les remords de ce malheureux, et sa jalousie du bonheur des humains. Dans sa douleur il fait un parallèle entre sa situation première et son état présent. Sa rage s’excite insensiblement ; il se répand en invectives contre l’Être Suprême, auquel il voue vengeance. Il finit par se promettre un empire dans la demeure des humains. Mais pendant son discours soliloque, il se trahit par ses gestes furieux, et Uriel l’a reconnu. Cependant Satan regarde les plaines d’Éden ; il admire les merveilles de la nature ; il hume l’air suave du paradis terrestre ; il est comparé au nocher côtoyant l’Afrique, qui passe les tours du Mosambique. Milton nous parle aussi de l’Arabie ; on voit par là que cette comparaison est tout à la fois mercantile, géographique et maritime ; la voici :
… as when to them who sail |
Satan entre enfin dans le paradis, et sous la forme d’un vautour, va se percher sur l’arbre de la vie. Après quelques réflexions morales, le poète nous donne la longueur géométrique d’Éden dans les vers suivants :
… Eden stretch’d her live |
On voit par la chose même que le poète était bon arpenteur. Il nous fait ensuite une description riche et détaillée, dans des vers flatteurs à l’oreille, de toutes les beautés et de