Oui, les jeux les plus doux sont les jeux du village,
Et le sage y sourit sans cesser d’être sage.
Homme pur, homme franc, colon du Canada,
Sache à jamais bénir la main qui t’accorda
Le sol qui te nourrit, ces eaux dont tu t’abreuves.
Maître d’un pays libre, et roi du roi des fleuves,
Que peut-il te manquer ? quels seraient tes désirs ?
Tu sais innocemment varier tes plaisirs :
Ici c’est un repas où la gaité préside,
Là je vois sautiller la bergère timide,
Plus loin de vieux parents à leur tendre neveux
Apprennent l’art de vivre et l’art de vivre heureux :
Leurs gestes, leurs discours respirent la franchise ;
L’éloquence du cœur plaît, entraîne, électrise ;
Et dans ces entretiens se montrent tour à tour
La piété, l’honneur, l’allégresse et l’amour.
De ces heureux colons comment peindre les fêtes ?
Les frimas les plus durs, les plus longues tempêtes
En vain de leur gaité voudraient fléchir les traits.
Ils n’adorent qu’un Dieu, c’est le Dieu des bienfaits :
Ils n’adressent qu’à lui leurs soupirs et leurs larmes ;
Pour eux chaque saison produit de nouveaux charmes ;
Ranimés au printemps, l’été les rajeunit.
Ils cueillent en automne, et l’hiver les unit.