Air : Dis-moi, soldat, dis-moi, t’en souviens-tu ?
Près de ses fils, sur le sol de l’enfance,
Certain vieillard annonçait le danger ;
D’un ton plaintif éteint par la souffrance,
Disait souvent en voyant l’étranger :
« Veillez, mes fils, au bien de la patrie,
« Comme dépôt, ne l’abandonnez pas,
« Avec l’honneur et la paix de la vie,
« Vous le savez, ça va du même pas.
« J’ai déjà vu, du seuil du toit champêtre,
« De vils intrus vouloir donner la loi ;
« Avec mépris, je les ai vus paraître,
« À leur aspect j’éprouvais de l’effroi :
« Je ne pouvais à leur morgue me faire,
« En mon pays, je ne les voulais pas ;
« Aussi parfois je ne pouvais me taire,
« Vous le savez, ça va du même pas.
« Il fut un temps qu’ils inspiraient la crainte,
« Il fut un jour qu’ils montraient du pouvoir ;
« Mais tout cela, c’était et ruse et feinte,
« Pour vous fermer le chemin du devoir :