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LE RÉPERTOIRE NATIONAL.


 
Trop tôt, hélas ! trop tôt dans le monde lancés,
Peut-être en verrez-vous les beaux jours éclipsés !
Dans un lointain trompeur il sourit à votre âge,
Mais plus son ciel est beau, plus il cache l’orage :
Quiconque le connaît, donnerait tous les ans
Qu’il coule dans son sein pour un de vos instants.
Sachez de votre état goûter les avantages ;
Renouvelez d’ardeur, soyez studieux, sages ;
Par vos douces vertus peut-être pourrez-vous

Du sort qui vous attend vaincre un jour le courroux.
Pierre Laviolette.

1833.

L’AUTOMNE.

 
D’une main défaillante effeuillant sa couronne,[1]
Parmi nous, à pas lents, marche la triste automne.
La terre, sous ses pieds, se jonche de débris.
Flore a caché ses fleurs, et Cérès ses épis ;
Et lorsque les oiseaux, désertant nos bocages,
Dans des climats plus doux vont porter leurs ramages,
Zéphir las d’errer seul sur les pâles rameaux,
Dans son timide essor s’endort sur les roseaux.
D’un voile ténébreux éclipsant sa lumière,
Le soleil à regret, commence sa carrière,
A l’aspect du tyran de la terre et des cieux
Dont le souffle glacé vient amortir ses feux.
C’est le noir aquilon, descendu des montagnes,
Sa tête qu’il secoue a blanchi les campagnes ;
Terrible, sa présence a fait fuir les oiseaux,
A flétri les gazons, enchaîné les ruisseaux ;
Et les troupeaux qu’il fait errer à l’aventure,
Qu’il laisse sans abri, sans onde, ni pâture,
De leurs gémissements attendrissant les airs,
Paraissent préluder au deuil de l’univers.
Adieu, plaisirs si purs ! adieu, fêtes champêtres !
Adieu, loisirs passés à l’ombrage des hêtres !
Le règne de l’hiver, hélas ! n’épargne rien !
Le souci, la tristesse échappés de mon sein,

  1. Delisle.