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LE RÉPERTOIRE NATIONAL.


Et réunis dans le sein du plaisir,
N’ayons qu’un cœur pour savoir en jouir !

Rappelons-nous comme autrefois nos pères,
Avec transport, saluaient ce beau jour ;
Ils devenaient tous amis et tous frères,
L’aimable paix habitait leur séjour.
        Les jeux, les ris, les grâces,
        S’enchaînaient sur leurs traces ;
Ils célébraient, dans leur joyeux élan,
L’heureux retour du premier jour de l’an.

Qu’ils étaient beaux, hélas ! ces temps antiques,
Temps de vertus et de félicité !
Dissensions, querelles politiques
Ne venaient point refroidir la gaité.
        Être à leur Dieu fidèles,
        Au roi, comme à leurs belles :
C’est le motto qu’avaient pris nos ayeux,
Ils y trouvaient le secret d’être heureux.

Ce jour du moins imitons leur exemple,
Faisons revivre encor le bon vieux temps !
Dans nos foyers transformés en un temple,
Sacrifions aux plus doux sentiments !
        Mais que sous son égide,
        La sagesse nous guide
Faite pour plaire à l’esprit comme au cœur,
Elle ne prend des plaisirs que la fleur.

Mais quel penser trouble soudain nos fêtes,
Et nous arrache à nos joyeux ébats ?
La foudre gronde au-dessus de nos têtes,
La terre tremble et gémit sous nos pas
        Plus de paix, d’harmonie,
        Dans ma pauvre patrie !
Quand des vautours lui déchirent le sein,
Comment ne pas trembler pour son destin ?

Faible, roseau battu par la tourmente
Qui va partout briser les nations,
Laisseras-tu ta tête chancelante
Fléchir, tomber aux vents des factions ?