Tu viens de la riche Angleterre,
Eh ! bien, frère, le ciel là bas
Est-il descendu sur la terre ?
Ou bien l’homme y dit-il : hélas !…
En approchant le grand fantôme
Au lointain prestige emprunté,
Comment s’efface chaque atome
Du mirage de liberté ?
Fantôme accoudé sur sa banque,
Son bras domine l’Océan,
Mais ce long cri : le pain nous manque !
Est-il le bruit sourd d’un volcan ?
Non, ce grand peuple qui mendie,
L’espoir même l’a déserté,
Non, son âme s’est engourdie
Tandis qu’il criait : liberté !
Le fier dominateur des ondes
Penche-t-il un front sourcilleux
Vers les nations moribondes
Qu’écrase son sceptre orgueilleux ?
Eh ! croit-il qu’un peuple succombe,
Quand, noble, il jure avec fierté
D’entrer dans la nuit de la tombe,
Ou de ravir sa liberté ?