Et vous le condamnez, quand par d’abjects détours
L’inique Talleyrand, prostitué des cours,
Le vendait pour de l’or aux puissances craintives !
Vous voulez confier à des pierres chétives
Le soin de célébrer ses glorieux revers ?
Et son nom rebondit partout dans l’univers !
Et vous le condamnez, quand des hordes sauvages
Accouraient par millions des serviles rivages !
Honte à vous !… Il tomba… mais son sceptre brisé
Remonta jusqu’au ciel, de hauts faits pavoisé.
Lâches ! son épitaphe appartient à l’histoire :
On verra votre opprobre à côté de sa gloire,
Et la pitié lira : l’étique Wellington,
Enharnaché de croix, près de Napoléon.
Oui, l’orphelin pleure et la veuve soupire :
L’humanité se plaint, — mais le génie admire !
Anglais ! respectez-le, soyez plus généreux ;
Car, banni de la France — il fut si malheureux !
Quelque jour on dira qu’un héros sans défense
À son noble ennemi donna sa confiance :
— L’ennemi, dira-t-on, à son secours vola ?
— Non, crîra l’histoire, le traître il l’immola !
C’est assez pour sa gloire ! ah ! ne reprochez pas
Qu’on ait avec silence entendu son trépas !
Un éloge pompeux serait une satire :
Dites sur son tombeau qui oserait l’écrire ?
N. Aubin.