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LE RÉPERTOIRE NATIONAL.

Je vivrais au vallon où Dieu m’a donné l’être,
Mon pays est si beau ! Que chercherais-je ailleurs ?
Quel air serait plus pur, quel site plus champêtre ?
Quelle terre embaumée étale plus de fleurs ?

J’aime à voir l’horizon bordé de ces montagnes
Que gravissaient ma course et mes pas enfantins ;
J’aime à rêver au sein de ces mêmes campagnes
Où les jeux du bas âge ont bercé mes destins.

Tout vient y réveiller ma pensée endormie :
Le lieu le plus aride est un doux souvenir :
Même un roc décharné, sur cette terre amie,
D’un bonheur qui n’est plus, me peut entretenir.

Je m’y sens imprégné d’une tendre atmosphère
Où respire pour moi la paix et l’amitié :
Le bonheur que j’éprouve ou bien le sort contraire
Y trouvent tour-à-tour la joie et la pitié.

Voilà pourquoi mon cœur sera toujours fidèle,
À la terre adorée où coule mon destin ;
Voilà pourquoi ma vie, enchaînée auprès d’elle,
Veut s’endormir le soir où brilla son matin.

N. Aubin.



1835.

À SALABERRY.

        Quoi ! pas un mot pour te défendre !
Ta gloire, tes exploits, tout cela dans l’oubli !
        Ton nom est-il enseveli
            Pour toujours sous ta cendre ?
      Toi, le héros de Chateaugai,
Toi, le vainqueur de la Pointe-aux-Érables,
        Ces noms impérissables
Passeraient sans le tien à la postérité ?

Chaque fois qu’on écrit l’almanach des grands hommes,
Déchire-t-on la page où brillait ton talent ?
L’encre est-elle effacée, ou si le firmament
Qu’habite ton étoile échappe aux astronomes ?
Où sont donc ces obus, ces bombes, ces boulets,
Dont les Américains ont senti la brûlure,
Et qui, sur leurs canons, gravaient ta signature
        Au bas de tes hauts faits ?