Page:Répertoire national ou Recueil de littérature canadienne, compilé par J Huston, vol 1, 1848.djvu/328

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
320
LE RÉPERTOIRE NATIONAL.

— Des accidents ! ô ! ciel, je le vois, sa réputation est perdue

— Sa réputation ? oh ! allez, non, monsieur, elle est intacte, et l’on ne peut rien dire contre ma pauvre maîtresse ; oh ! je vous l’assure, c’est la vertu même ; car depuis que nous sommes ici elle a beaucoup travaillé…

— Beaucoup travaillé ! que venez-vous me conter ? et ses maisons à New-York ! ne sais-je pas ?…

— Oh ! je le vois, on l’a calomniée… le monde est si méchant ! Ces maisons ! n’avez-vous pas honte ?

— Ce n’est pas ce que je veux dire ; ses quatre maisons de Broadway, comment sont-elles ? quelle valeur ? combien en retire-t-elle ?

— Ses maisons ? je n’en connais…

— Son navire le Hope ?

— Je n’en connais aucun, sinon…

— Ses vingt mille piastres de la Banque des États-Unis ? oh ! je vois qu’on m’a trompé ! volé ! assassiné !

Et monsieur Desnotes faisait mille menaces ; l’eau ruisselait sur son visage ; il serrait les poings et renversait les chaises et les tables. Madame Desnotes, inquiète du vacarme qu’elle entendait, entra et voulut s’approcher de lui ; mais aussitôt qu’il l’aperçut il proféra contre elle les injures les plus atroces que son imagination indignée pouvait lui fournir. Elle essaya de le calmer par de douces paroles, mais il la repoussa toujours et porta l’exaspération jusqu’à la frapper. Elle sortit en pleurant, et le laissa attéré, accablé de douleur. Cet orage apaisé, il s’assit ; il paraissait interdit, glacé.

Marguerite, le voyant plus tranquille, s’approcha de lui et lui demanda la permission de parler et d’expliquer la méprise qu’elle commençait à comprendre.

— Oh ! parlez, parlez, je ne puis rien apprendre de pire.

— Ma pauvre maîtresse est née d’une famille riche et respectable ; elle fut élevée avec toutes les intentions imaginables et reçut, comme vous pouvez le voir, une éducation