HABABAH, concubine d’Yézid II, quinzième calife successeur de Mahomet, dans le viiie siècle. Elle était belle, et très-bonne chanteuse ; la passion qu’elle sut inspirer au calife fut des plus violentes. Il se divertissait un jour avec elle dans un jardin ; on lui servit en collation les plus beaux raisins de la Palestine, pays où il se trouvait alors; il en prit un grain qu’il jeta à sa maitresse : celle-ci le porta à sa bouche pour le manger ; mais ce grain, qui était fort gros, passant de travers dans sa gorge, la serra si fort, qu’elle perdit la respiration et fut étouffée. Yézid, touché de ce funeste accident, tomba dans la plus profonde tristesse. Le transport de son amour et de sa douleur alla même si loin, qu’il ne voulut pas permettre, pendant une semaine entière, qu’on l’enterrât ; et sans les instances réitérées de ses domestiques, qui ne pouvaient plus supporter l’infection de ce cadavre, il n’eût jamais souffert qu’on le lui enlevât ; le sépulcre même ne fut pas capable de guérir sa frénésie, il voulut qu’on la déterrât, pour la voir encore. Enfin, succombant à l’excès de son affliction, il
