Page:Réponse succinte des Députés de Saint-Domingue, 1789.djvu/13

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Le quatrième moyen ſeroit le moins déraiſonnable, ſi la diſette de grains ne régnoit pas en France ; mais cette diſette est conſtatée de nouveau par le Décret que l’Aſſemblée Nationale vient de rendre pour renouveler ceux du 28 Août & 18 Septembre dernier, portant défenſe d’exporter des grains & farines à l’étranger. L’amendement propoſé à ces Décrets par les Députés de Saint-Domingue, d’étendre cette défenſe juſqu’aux Colonies, eſt d’autant plus raiſonnable, que cette défenſe exiſte de fait, puiſque le Peuple de Bordeaux s’oppoſe à tout embarquement de farine, & que la Colonie est à portée de s’en procurer abondamment, & à bon marché, par les Etats-Unis.

Quant à la réflexion par laquelle les Commerçans finiſſent leur Mémoire[1], que les 240,000 barils de farine qu’ils eſtiment ſuffiſans pour l’approviſionnement des Colonies, ne ſont pas un jour & demi de la ſubſiſtance de 26 millions d’hommes ; cette réflexion vient à l’appui des obſervations qu’a fait un de nos Collègues, qui a démontré évidemment que la Métropole n’a pas d’intérêt à faire le Commerce excluſif des farines avec les Colonies[2].

En effet, que la France ait de plus qu’il ne

  1. Voyez fol. 44 & 45 dudit Mémoire.
  2. Voy. f. 9 de la Motion de M. le Comte de Reynaud.