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Page:Rétif de La Bretonne - L’Anti-Justine ou les délices de l’amour, 1864.djvu/158

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possible, monsieur ? — Cela est ; il l’a trop gros ; on vient de vous le mettre, et c’est moi. « Je le savais bien. » Il n’y a qu’un mot à dire : pouvez-vous m’épouser, monsieur ? — Mademoiselle, je suis marié à une vieille de soixante-dix-huit ans, qui m’a fait ma fortune, et je suis obligé d’attendre qu’elle soit morte. — Et si je devenais grosse, monsieur ? J’épouserai M. Guac. — Voulez-vous être ma maîtresse ? — Cela ne me conviendrait pas. — De son consentement ? Comme vous m’avez eue déjà, et que c’était de son consentement, je m’y prêterai, pourvu qu’il ignore que je le sais. — Oh ! de tout mon cœur ; ceci marque votre honnêteté. Êtes vous seule ? — Non, la marchande est là. — Pourrais-je vous avoir à coucher ? — Oh ciel ! je ne saurais découcher que sous le prétexte d’aller veiller mon père en le supposant indisposé ; ainsi, cela est impossible. — J’irai, si vous le permettez, parler tout uniment à votre père ; je suis riche, il vaudrait mieux que je vous donnasse le prix de vos faveurs qu’à un vil malheureux comme Guac. — Eh bien ! parlez à mon père — Je reviendrai vous chercher s’il m’accorde ma demande. — Mais ne revenez pas seul ; je veux voir quelqu’un à lui et que je connaisse. — Vous serez tranquillisée. »

» Il alla chez mon père ; il lui raconta comment Guac, n’ayant pu me dépuceler, lui avait vendu mon pucelage cent louis en quatre séances, vingt-cinq louis chacune, dont la première était payée ; qu’il m’avait enconnée en me pommadant et qu’il avait trouvé mon bijou délicieux et si satiné qu’il n’en voulait plus d’autre, qu’il m’avait demandé de coucher avec moi,