Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/100

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Je ne me-ſens plus ſi-preſſé du desir de retrouver Edmée ; m.lle Manon me-paraît moins. jolie ; les Femmes de nos cantons me-ſemblent moins que rién ; toutes les grâces ét les attraits ſont avec Colette-C★★.

Adieu, cher Pierre : tu ne fus jamais ſi tendrement aimé de

Ton Edmond.


18.me) (Pierre, à Edmond.

[Je continue de donner dans l’erreur.]

1750.
26 ſeptemb.


Je te-fais reponſe à-la-hâte, mon cher Frère : Et je te-dirai premièrement, Que je t’avais-toujours-bién-dit, que ta Tiénnette ne valait pas ce que j’ai-trouvé hier ; ét que je ſuis-charmé que tu n’ayes-pas-êtê bién-ſûr de ce que tu crayais avoir-vu de la m.lle Manon : ét je ne ſaurais te cacher, que je fuis-ſurpris que tu ailles tant louanger m.me Parangon, qui eſt femme ; c’eſt tout ce que je te paſſérais ſi elle était fille, ou-bién veuve ; il n’y-a rién-là pour toi, entens-tu, mon Edmond ? ér je ne te conſeille pas de t’aler tant mettre ſon merite dans la tête ; c’eſt à ſon Mari à ſ’occuper de ça y ét ſi il ne le voit pas, tantpis pour lui. Je te dirai encore, qu’il me-paraît que tu es unpeu girouette en-amitié ; aujourd’hui Celle-ci, demain Celle-là ; ét que ton humeur change tant-fait-peu. Mais je ſuis-pourtant-bién-charmé que tu te-faſſes à la Ville, ét je crais même que tu ne t’y-feras que trop ; ét comme tu es pour y-vivre, il vaut mieux que tu l’aimes, que de