octobre 21.
Je n’ai pas le temps de reſpirer, mon Pierre,
ét je crais que je ne pourrais m’en-dedire,
quand je le voudrais : Car il n’y-a plus de
doute, m.lle Manon me-trouve à ſon gré, ét
m.r Parangon, qui me-paraiſſait ſi-ſraid, ſi-bourru,
prend mes interêts avec feu. Ce n’eſt
plus ce Paysan qu’on meprisait ; je ſuis aujourd’hui
un Parti ſortable pour la Cousine de
ſa Femme ; il ſe-propose de cultiver avec
ſoin mes diſpositions, de me-devoiler de
bonneheure tous les ſecrets de ſon art, &ca,
Mais pour te faire-mieux-comprendre tout-cela,
je vais te rapporter mot-à-mot les entretiéns
que j’ai-eus avec tous-les-deux.
Tu ſais que m.lle Manon devait me-faire à-ſon-tour confidence de ſes ſentimens, ét tu te-rappelles que nous ne pumes renouer notre entretién après ſouper. Hièr, dans l’après-midi, m.r Parangon me-dit de me-tenir-prêt pour ſept-heures, parceque j’irais avec lui ſouper-en-ville. Je fus-ſurpris autant que tu peus craire, d’une ſi-rare faveur ! je le fus davantage encore, ét bién-agreablement y lorſque je me-vis chés la Mère de m.lle Manon, qui m’accueillit comme ſi j’avais-été ſon enfant. Après les premières politeſſes, m.r Parangon paſſa dans une autre chambre avec la Mère ét une Sœur-aînée ; de-façon que