Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/124

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ïeus. Ét puis enſuite nous avons-fait la prière comme de-coutume ; ét à-la-fin, il nous a-donné ſa benediction à tous ; ét ſe-tournant vers Urſule, qu’il veut t’envoyer aprèsdemain, il l’a-chargée de te porter celle qu’il lui donnait une ſeconde-fois pour toi. Nous avons-été tout-attendris, ét nous avons-pleuré-de-joie ; étpuis nous-nous-ſommes-tous-embraſſés, ét nous avons-été l’un aprèsl’autre embraſſer notre Père ét notre bonne Mère. Ils ne partiront que dans huit ou quinze jours, pour aler faire la demande, acause de nos vendanges. Tu auras ſoin de venir audevant d’Urſule, que je conduirai avantjour juſqu’à Saintbris ; ce qui ne me-derangera pas de mes travaus ; ét dans Le cas où tu ſerais-empêché de venir, je la laiſſerai avec Bertrand ſur la grand’route : Si tu viéns comme je l’eſpère, je te dirai le reſte de bouche. Nous t’aimons tous de tout notre cœur ; aime-nous de-même, ét ſur-tout

Ton frère Pierre.


23.me) (P. D’Arras, à m.lle Manon.

[Conte digne d’Achicotel]

1750.
De Saintbris, même jour
10 octobre.


Convenez, ma Charmante, que vous aviéz-besoin de mon ſecours ? Les Gens de notre robe ſe-mettent à tout, comme vous voyez ? Je ne manquerai pas de me-trouver à votre grand-jour : vous ſerez-troublée, ou ne ſongerez qu’au plaisir ; moi, je ſerai de ſens-raſſis, prevoyant. Il faut que dès-aujourd’hui Parangon ſonge à tenir à une diſtance convenable ſa Minerve ou ſa Venus, je ne ſais lequel ;