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Seconde Partie.

24.me) (Edmond, à Pierre.

[Urſule arrive à la Ville : Beaus commencemens d’un côté ; porte-de-derrière menagée de l’autre.]

1750.
12 octobre.
10 h. du matin.


Urſule eſt-arrivée ici, mon Ami, à dix heures du matin. Au plaisir que j’ai-reſſenti en-l’embraſſant, il ne manquait que ta presence, Pourquoi donc n’eſt-ce pas toi qui l’as-amenée ? Je m’attendais à te voir à Saintbris, ét j’alais partir pour m’y-rendre, quand Urſule ét Bertrand ſont-entrés. J’ai-été-ſurpris que nos ſages Père ét Mère ayent-mis-en-route ſeuls deux Enfans ! ſi des Malintentionnés les avaient-attaqués dans le bois de la Fâe[1], quelle defenſe auraient-ils-eu, au fond de ce ſombre vallon, où les Hommes mêmes ne paſſent jamais ſans terreur ? Mais ils ſont-arrivés ſains-ét-ſaufs, dieu-merci. M.me Parangon était ſeule dans le ſalon ; c’eſt elle qui les a-reçus. Notre Urſule s’eſt-approchée en-rougiſſant, ét elle a-demandeé ſon Frère, ſans me-nommer. L’’aimable Dame à laquelle elle ſ’adreſſait, n’a-pas-voulu jouir de ſon embarras ; certains traits qui nous ſont-communs, ét qu’elle a-remarqgués dans ma

  1. Ou de la fée, endrait à une lieue de Saint-Bris, tranquil, très-recueilli, ét propre à-rêver, avant qu’un Aſſacin l’enſanglantât en-1772.