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Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/146

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27.me) (Urſule, à ſes Père et Mère.

[Conme deja elle ſe-trouve bién à la Ville.]

1750.
14 octobre.


Mon très-chèr Père ét ma très-chère Mère :

Je vous écris ces lignes, pour vous presenter mes reſpects, ét pour vous remercier de la bonté que vous avez-eue de m’envoyer ici, où j’ai-trouvé une Dame aimable ét reſpectacle, qui m’a-prise en-amitié, ét qui aime bién-auſſi mon Frère-Edmond, qui eſt un bon-cœur, ét qui nous aime comme notre chère bonne-Mère lui a-recommandé de nous aimer, quand il ſerait à la Ville : ét comme elle nous recommandait à tous de ſonger à nous pouſſer tous les Uns les Autres, en-nous attirant où il ſerait, pour nous rendre ſervice, ét nous procurer ſes Connaiſſances, quand il en-aurait de bonnes, auſſi fait-il ; ét je puis bién-dire que ce n’eſt point à-cause de mon merite que l’aimable m.me Parangon m’aime, mais à-cause d’Edmond, qui ſe fait-aimer ét biénvenir de tout le monde par ſa douceur ét ſes bonnes-façons ; dont je ſouhaite que vous receviez le contentement ét la joie, mon très-chèr Père ét ma très-chère Mère, que Dieu-beniſſe, comme votre Fille ſouhaite que vous lui donniez votre heureuse benediction : ét je vous dirai qu’il y-a ici une bonne-Dame Canon, qui m’aime bién-auſſi, ét qui eſt la Tante de m.me Parangon, qui m’a-mise chés elle, où je ſuis fort-bién, avec deux autres Jeunes-demoiselles, en-attendant une