23 octobre.
Heureus Aîné ! la reſpectable Fanchon-Berthier
te met à l’abri des perils gue je viéns
de courir, ét dont je friſſonne encore. Hièr,
à ſix-heures j’ai-été à Arquebuse. J’y-ai-trouvé
le Jeune-homme ou plutôt Tiénnette.
L’air morne, l’œil égaré, je m’avançais, environé
d’un nuage de honte, ſans rién voir,
ſans rién-entendre. Elle m’a-touché ſur le bras
en-ſouriant : — Quoi ! tant d’abbatement pour
la perte d’un Objet que vous n’aimez pas -! (m’a-t-elle-dit).
Je l’ai-regardée avec ſurprise !
— Non, vous ne l’aimez pas (a-t-elle-repris) ;
ſa jeuneſſe ét ſa coquetterie vous éblouiſſaient ;
voila tout. Crayez-moi, Edmond,
vous aimez ailleurs… Venez qu’on vous
parle en-ſûreté ; paſſons derrière cette double
haie ; nous n’y-ſerons-point-interrompus…
J’ai-lu dans votre cœur, Edmond ; il y-a
longtemps que vous êtes refraidi pour moi.
Vous avez-conçu des ſoupçons injurieus :
mais mon ſeul interêt n’Aurait-jamais-pu m’engajer
à les diſſiper, ni à vous raconter un tiſſu
de ſcelerateſſes ét d’infamies… Il faut prendre
les choses à leur origine.
» Je ſuis d’Avalon comme vous ſavez. Lorſque le Père de m.r Loiseau, quitta Clameci pour ſe-fixer dans notre Ville, il avait deux