Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/161

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veille, — Et afin que vous n’ayiez auqu’une defiance (ajouta-t-elle), voici l’adreſſe ; alez vous-presenter à la Dame ; informez-vous auparavant de ſa renommée à toute la Ville, fi vous voulez, ét vous verrez ce qu’on vous en-dira-. Je pris l’adreſſe, ét j’eus lieu d’être-ſatiſfaite de mes informations ; deſorte-que mon ſejour dans cette maison, qui devait me perdre, fit tout le contraire. Je me-presentai chés m.me Parangon ; il lui falait une Fille ; la conduite de ſon Mari venait de l’obliger à renvoyer Celle qui me-precedait ; je lui convins : mais elle m’a-dit depuis, qu’elle ne m’arrêta qu’en-tremblant. Voila quelle eſt la première Partie de mon Hiſtoire. Je paſſe à la ſeconde.

» Mon étonnement ne fut pas mediocre, lorſque je ſervis à-table, de trouver dans le Maitre-de-la-maison, ce même Bourgeois avec lequel j’avais-ſoupé la veille dans une taverne. Je ne ſavais encore rièn deguiser ; ét dans le premier mouvement de ma frayeur, Je crus devoir tout conter en-particulier à ma Jeune-maitreſſe. Cette vertueuse Famme me-repondit : — Mon Enfant, il faut être plus-prudente : on ne doit pas tout dire ; vous auriez-pu vous conduire ici avec ſageſſe, ét me-laiſſer ignorer les écarts de mon Mari : mals puiſque le mal eft-fait, il ne ſ’agit plus que d’en-tirer tout l’avantage que je pourrai : Je compte ſur vous, Tiénnette : vous m’avez-tout-d’un-coup-paru honnête, ét mieus-élevée que les Filles de votre état ; j’en-attens