Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/170

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sine ; je t’en-ai-fait-faire un de la même étofe que le plus-joli de Tiénnette, ſous-pretexte d’un bal ; aie la complaisance de le mettre, et tu effaceras cette Fille. Que tu ſeras mignone !… Non, petite Lucine, je n’aime que toi : ma belle indolente de Famme, avec ſes dixhuit-ans ét ſes grands ïeus bêtes, ne m’a-jamais-inſpiré la moitié de ce que je reſſens pour ſa jolie Cousine : ta vivacité, tes petits tranſports, ta resiſtance, tout eft enchanteur. Qui, ma chere Manon, tu ês un tresor !… Abjure donc cette fatale reserve, qui juſqu’à-present a-tout-gâté ; ne crains plus, ma Poulette, l’épouvantail ordinaire des Filles, puiſque nous avons une pièce toute-prête pour raccommoder ſon honneur ſi j’y-fesais une brêche visible ; notre Sot eſt-tout-trouvé… Ma-foi, l’épithète ne lui conviént pas ; il eſt neuf, ét non ſot ; mais il pourra l’être unjour d’une certaine maniere, lorſqu’il aura-ſervi à nos deſſeins. Le plaisant de tout-cela, c’eſt qu’il eſt le Protégé de ma Famme ! Tu es bién-ſûre d’ailleurs, que je ferai pour lui plûs encore que je n’ai-promis, à-cause de ma charmante Cousine… Adieu, Poupone : je te reverrai dans trois heures, unpeu gai, mais pas audelà de ce qu’il faut pour l’amour.

(Tel était, mon pauvre Frère, le Billet que j’ai-lu : c’eſt bién l’écriture de m.r Parangon, ce l’eſt bién : ô infâmie) !…

— Lisez cette Reponſe (a-repris Tiénnette :)