Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/18

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Villèrs, vulgairement appelé Villèrs-lès-aulx, dans une étendue de terrein qui leur apartenait en-propre : ils ſ’allièrent à une Branche de la noble Maison de-Courtenai, établie dans nos cantons, où ſes Deſcendans par les Femmes, devenus, comme nous, de ſimples Paysans, poſſèdent un franc-aleu, le plus-libre du Royaume. Notre Mère était-née Bertro, famille éteinte, mais dont la nobleſſe, prouvée par titres juſqu’en-1200, va ſe-perdre enſuite dans les commencemens de la Monarchie.

Depuis la fondation de Villèrs, nos Pères furent toujours laboureurs. Ils cultivaient tranquilement leurs terres, lorſque la religion-reformée ſ’introduisit en-France : ils l’embraſſèrent, ét ce fut cette demarche qui renverſa leur petite fortune : car la Secte ayant-eu du deſſous, ils ſe virent-obligés de ſe diſperſer, ét Quelquesuns ſortirent du Royaume. Ils vendirent À vil-prix leur heritage de Villèrs, et depuis ce temps, nous n’y-poſſedons plus un pouce de terrein. Notre Bisáyeul revint à la religion-catholique du temps des dragonades ; notre Grandpère ét notre Père y-ont-été-élevés, ét nous la profeſſons comme eux. Pierre Rameau, notre áyeul, dont je porte le nom, eut