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35.me) (Reponſe de D’Arras.

[Que l’huile du Mechant ne parfume pas ma tête ! ]

1750.
2 novemb.


Paſſons tout ce qui regarde ma crayance, charmante petite Famme : mais vous me-feriez une injuſtice, ſi vous penſiez que je ſuis ſans mœurs. J’ai trente-ans ; l’on eſt-formé à cet âge : Connaiſſez-vous quelque travers où j’aye-donné ? Vous ſavez comme je penſe ſur votre ſexe ; je le crains, je le fuis. ét je l’adore : la presence des Fammes eſt un feu biénfesant qui m’échauffe ét me-rejouit ; mais j’en-reſte à la diſtance convenable pour n’éprouver qu’une douce chaleur ; ét Je ſerais-bién-fâché qu’on me-contraignit à le tenir dans la main, comme un autre Scevola, Que vous ai-je-demandé ? Ce qu’a-euParangon : Ai-je-été importun, après l’avoir-obtenu ? Non. De ce qu’on nomme amour, je n’eſtime que le fisiq, dans la moderation convenable. Il n’en-eſt pas de-même de l’amitié ; c’eſt un ſentiment dont je ſuis-plus-avide que l’Hidropiq de la boiſſon prohibée ; ét je ne ſais quel charme naif repandu ſur la figure ét dans les manières d’Edmond, m’attire vers lui ; je l’aime, ét j’avoue que ſi vous n’étiez pas un avantage pour lui, je l’aurais-ſervi contre vous, Preſcrivez-moi donc tout ce qu’il faudra pour rendre votre Mari heureus, ét je tâcherai de le faire. Je vous le jure par ce que j’ai de plus-chèr au monde, par mon Jeune-Ami.