2 novemb.
Paſſons tout ce qui regarde ma crayance,
charmante petite Famme : mais vous me-feriez
une injuſtice, ſi vous penſiez que je ſuis
ſans mœurs. J’ai trente-ans ; l’on eſt-formé à
cet âge : Connaiſſez-vous quelque travers où
j’aye-donné ? Vous ſavez comme je penſe
ſur votre ſexe ; je le crains, je le fuis. ét je
l’adore : la presence des Fammes eſt un feu
biénfesant qui m’échauffe ét me-rejouit ; mais
j’en-reſte à la diſtance convenable pour n’éprouver
qu’une douce chaleur ; ét Je ſerais-bién-fâché
qu’on me-contraignit à le tenir
dans la main, comme un autre Scevola,
Que vous ai-je-demandé ? Ce qu’a-euParangon :
Ai-je-été importun, après l’avoir-obtenu ?
Non. De ce qu’on nomme amour,
je n’eſtime que le fisiq, dans la moderation
convenable. Il n’en-eſt pas de-même de l’amitié ;
c’eſt un ſentiment dont je ſuis-plus-avide
que l’Hidropiq de la boiſſon prohibée ; ét
je ne ſais quel charme naif repandu ſur la
figure ét dans les manières d’Edmond, m’attire
vers lui ; je l’aime, ét j’avoue que ſi vous
n’étiez pas un avantage pour lui, je l’aurais-ſervi
contre vous, Preſcrivez-moi donc tout
ce qu’il faudra pour rendre votre Mari heureus,
ét je tâcherai de le faire. Je vous le
jure par ce que j’ai de plus-chèr au monde,
par mon Jeune-Ami.