Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/200

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te-là ; j’y-vas moi-même : ét alors le Garſon, ne voyant pas ſortir la Fille, pren le parti d’entrer dans la maison, en-disant aux Parens, V’lez-vous me permette d’appreucher de voute Fille ? On ne le refuse jamais net : on lui dit de ſ’aſſeoir. Il ſe-met à-côté d’elle, ét on lui fait bonne ou mauvaise-mine, juſqu’à ce qu’il ſ’attire un refus, conçu en-ces termes : Tîns-te chés vous. Mais ſi l’on a-laiſſé ſortir la Fille le-ſoir, alors le Garſon l’approche en-câlinant : — Où qu’vou’alez donc Jeanne ? — Douner de la paille à nous Vaches… — J’vas donc vou’ainder ? — Ça n’eſt pas de refus, Jaquot-. Et il lui ainde, Elle ſort enſuite tous les ſoirs, ét elle trouve toujours Jaquot. On ſ’aſſit dans un coin obſcur : La Fille ou file, ou teille le chanvre, ét alors le Garſon lui aide, ét on cause. Les dimanches, on cause ſans rién-faire, ét c’eſt Je jour où le Garſon ſe-hasarde d’embraſſer : il eſt-rare cependant que les Filles ne ſaint pas ſages. Quand il commence à faire-fraid, elle l’invite à entrer à la maison ; ét il accepte, ſi elle lui a-plu ; car c’eſt un premier amour d’eſſai qu’ils ont là-fait juſqu’à ce moment. On fait-ordinairement-l’amour deux ou trois-ans, ét il n’eſt-guère-queſtion de mariage le premier hiver (à-moins qu’il n’y-ait milice) ét les Parens de la Fille ne ſ’avisent guère de faire au Garſon, la demande ordinaire Qu’eſt-qu’tu viéns faire iqui, Jaquot ? que le ſecond hiver de la frequentation.

Quant à moi, ma chère Dame, je vous