5 novemb.
Mon chèr Frère-aîné :
Je mets la main à la plume, pour te dire,
que nous-ſommes-arrivés à Au★★ à-bon-port
Georget ét moi, ét que l’Ane de notre Mère
n’a auqu’un mal : mais il nous a fait bién
de la peine ! car il a-jeté notre Frère ét
mon bagage dans un foſſé : heureusement
notre Georget ne ſ’en-reſſent-pas, ét que rién
n’eſt-gâté ; ſeulement ça nous a-retardés, ét
le Frère couche ici, ét demain-au-matin il
partira : ét c’eſt ce qui fait que je donne ma
Lettre au Poſtillon, ét vous l’auréz dans trois
heures, ét ça ôtera d’inquiétude notre bonne
Mère ; car je ſai comme elle eſt. Oh ! mon
Frère ! ſi tu voyais quel boulvari, ét quel
remûment, ét avec ça comme on eſt-joyeus
ici, tu ſerais tout-étonné ! car tout le monde
y-eſt brave, comme chés nous les fêtes, ét
la moitié chomme ét ne fait-rién ; on joue,
on ſe-divertit„on boit, & les cabarets ſont
tout pleins. Nous avons-vu ça en-venant,
ét nous-ſommes-entrés dans la Cathédrale ;
pour remercier Dieu. Oh ! comme ça eſt
beau ! ſi tu voyais ! ſi tu voyais ! il y-a,
vers la porte, un Saintchriſtofe, qui a pour