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Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/34

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1.re Lettre.) (Edmond, à Pierre.

[Arrivé chés m.r Parangon.]

1749.
5 novemb.


Mon chèr Frère-aîné :
Je mets la main à la plume, pour te dire, que nous-ſommes-arrivés à Au★★ à-bon-port Georget ét moi, ét que l’Ane de notre Mère n’a auqu’un mal : mais il nous a fait bién de la peine ! car il a-jeté notre Frère ét mon bagage dans un foſſé : heureusement notre Georget ne ſ’en-reſſent-pas, ét que rién n’eſt-gâté ; ſeulement ça nous a-retardés, ét le Frère couche ici, ét demain-au-matin il partira : ét c’eſt ce qui fait que je donne ma Lettre au Poſtillon, ét vous l’auréz dans trois heures, ét ça ôtera d’inquiétude notre bonne Mère ; car je ſai comme elle eſt. Oh ! mon Frère ! ſi tu voyais quel boulvari, ét quel remûment, ét avec ça comme on eſt-joyeus ici, tu ſerais tout-étonné ! car tout le monde y-eſt brave, comme chés nous les fêtes, ét la moitié chomme ét ne fait-rién ; on joue, on ſe-divertit„on boit, & les cabarets ſont tout pleins. Nous avons-vu ça en-venant, ét nous-ſommes-entrés dans la Cathédrale ; pour remercier Dieu. Oh ! comme ça eſt beau ! ſi tu voyais ! ſi tu voyais ! il y-a, vers la porte, un Saintchriſtofe, qui a pour