Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/76

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la modeſtie ét la retenue derobent une parsie de la groſſièreté ; la hardieſſe de ces Gens-ci la montre toute-entière, ét ils en-font-gloire. Tiénnette ſ’eſt-mélée avec ces Jeunesfilles ; ſon habit, preſque pareil au leur, l’en-a-fait-agreer ; enſuite elle a-ſu les tourner avec tant d’adreſſe, qu’elle a-obtenu que m.r Loiseau ét moi ſerions de leur rond. Je n’ai-pas-manqué de me mettre à-côté de l’aimable Brunette ; j’ai-lu dans ſes ïeus qu’elle alait changer de place, ét je me-ſuis-efforce de la retenir, en-employant les termes les plus-honnêtes. Sans-doute je n’aurais-pas-reüſſi ; mais une Sœur d’Edmée qui m’entendait, a-pris la parole, pour lui dire : « — Eh mondieu-ſeigneur, Edmée, ce Monſieu’ ne te va pas manger ! ét quand tu ne ferais pas tant la mijaurée, ça n’en-ſerait pas pus-mal. » La charmante Edmée a-baiſſé la vue, ét m’a-laiſſé-prendre ſa main ſans resiſtance. Biéntôt la danſe ſ’eſt-animée aupoint que cet enjoûment qui m’a-paru faire le fond du caractère d’Edmée, ſ’eſt-échappé comme en-depit d’elle. Nous avans-enſuite-danſé des ſauteuses : J’ai-pris Edmée, ét j’avais le plaisir… oh ! quel plaisir… de l’enlever dans mes bras de-cinq-en-cinq-minutes, Tiénnette, pour reconnaître la complaisance que les Jeunesfilles avaient-eue de nous recevoir parmi elles, les a-priées de ſe-rafraîchir avec nous. Toutes ont-accepté de fort-bonne gráce ; mais nous avons-eu bién de la