grand pour lui ; pris, il passait pour
espion. L’un d’eux observa sur-tout
qu’il fallait se couper la moustache,
qui sans cette précaution trahirait
infailliblement mon guide. Cette remarque
réfroidit un peu le zèle de
deux des concurrens. Le troisième,
jeune homme de vingt-quatre ans
à-peu-près, à l’air martial, brun,
d’une figure superbe et remplie d’expression,
se coupa sur-le-champ cette
parure guerrière ; il versa une larme
de regret sur ce sacrifice, passa sa
main sur sa lèvre supérieure, endossa
la veste grise, cacha sa baïonnette
dans son sein, et nous partîmes.
J’appris bientôt que le désir de voir Jeanna, sa prétendue, dans un hameau sur la côte, avait contribué à sa généreuse démarche. Je m’en félicitai ; car en fait de courage, l’amour seul peut lutter avec la nature.