Page:Réveillaud - Histoire du Canada et des canadiens français, de la découverte jusqu'à nos jours, 1884.djvu/516

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France européenne ! qui sait les surprises que peut nous réserver l’avenir relativement au groupement des peuples, et qui ne voit quelle influence exercent sur la marche des évènements contemporains, les questions de langage et de nationalité ? Mieux que nous, les Slaves semblent avoir compris combien les destinées d’une branche quelconque de la race intéressent la race tout entière. Les luttes soutenues au nom de l’idée nationale, qu’elles aient pour théâtre Alger ou Montréal, Winnipeg ou l’île Maurice, Strasbourg et Metz ou Haïti, devraient réveiller dans la mère-patrie un écho sympathique. Volontiers je dirais : Là où est la race, là surtout où est la langue, là est la patrie. »

C’est donc un devoir, un devoir certain pour la France, de cimenter les nœuds qui l’attachent à son ancienne colonie et d’aider les Canadiens-français, dans la mesure où elle le peut faire, à maintenir leur langue et à fortifier leur indépendance nationale. Et le meilleur moyen qu’on puisse employer pour cela, c’est une reprise active par les échanges, le négoce et les voyages, des rapports trop distendus depuis plus d’un siècle, entre la France et le Canada.

La reprise de ces rapports entre les deux peuples est tellement indiquée et nécessaire, elle serait si avantageuse à l’un et à l’autre, au point de vue économique seulement, pour négliger en ce moment le côté national et moral, qu’on ne s’explique pas les hésitations et la lenteur avec laquelle s’ébauchent les premières lignes de cette reprise. « Il importe à la France aussi bien qu’au Canada, écrit M. de Molinari, l’économiste bien connu, que cette trop longue période d’abandon ou d’oubli ait enfin un terme. La France retrouvera quand