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Page:Révoil - Les animaux historiques.djvu/129

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MOUSTACHE

toute leur joie, tout leur bonheur. Auguste avait huit ans, Fanny sept, et le plus jeune, le petit Alfred, en avait quatre à peine. Tous les trois s’aimaient entre eux avec une tendresse égale ; tout était commun, peines, plaisirs.

Leur promenade favorite était un petit vallon situé à quelques pas de la maison de leur père. Là un châtaignier d’une grosseur prodigieuse étalait son épais feuillage, et ils pouvaient à l’ombre que projetaient ses rameaux se livrer à leurs jeux sans avoir à redouter les rayons d’un soleil trop ardent. Un jour qu’assis au pied du châtaignier, Auguste et Fanny tressaient, pour leur petit frère, des nattes avec des brins de jonc qu’il allait cueillir tout joyeux, leurs oreilles furent tout à coup frappées par des hurlements plaintifs qui paraissaient venir de la forêt. Bientôt après, en effet, ils aperçurent un magnifique chien de Terre-Neuve qui se dirigeait vers eux, en se traînant avec peine. Chaque fois qu’il posait à terre une de ses pattes de devant, il poussait un cri de douleur. Les enfants coururent vers lui ; le pauvre animal s’arrêta à leur approche, les regarda avec un air piteux, caressant ; puis, tendant vers eux sa patte ensanglantée, il sembla leur dire : « secourez-moi. » Les enfants le comprirent. Fanny l’attira doucement au pied du châ-