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Page:Révoil - Les animaux historiques.djvu/20

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ANIMAUX HISTORIQUES

il lui tourna la tête vers le soleil ; car il avait remarqué qu’une des principales causes de l’agitation extraordinaire du cheval était la frayeur que lui causait son ombre, qui tombait devant lui et répétait chacun de ses mouvements ; puis, le caressant de la voix et de la main tant qu’il le vit bouillonnant de courroux, il laissa à la fin tomber tout doucement son manteau à terre, et, prenant adroitement son temps, il s’élança avec légéreté sur le dos du farouche coursier. Bucéphale commence aussitôt à ruer et à secouer la tête ; mais Alexandre roidit la bride : le cheval résiste au frein, s’emporte, et fait de vains efforts pour s’échapper. Lorsqu’il eut ainsi jeté tout son feu, Alexandre, lui lâchant la bride et l’aiguillonnant encore de l’éperon, le laissa courir tout à son aise. Bien plus, quand il fut fatigué et voulut s’arrêter, il le contraignit d’aller plus loin encore, et ne cessa de le pousser qu’il ne l’eût mis hors d’haleine.

D’abord, Philippe regarda faire son fils avec une inquiétude silencieuse ; mais lorsqu’il le vit retourner adroitement le cheval au bout de la carrière, et le ramener complètement adouci, des larmes de joie coulèrent de ses yeux, et tous les courtisans firent retentir les airs de leurs acclamations. Lorsque Alexandre, joyeux et fier de