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Page:Révoil - Les animaux historiques.djvu/31

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INCITATUS

Torquatus, des Cincinnatus, des Pompée, tous la joie peinte sur le front, mais la honte dans le cœur.

Un jour, les invitations avaient été plus nombreuses qu’à l’ordinaire : consuls, édiles, prêteurs, et les plus illustres d’entre les sénateurs et les chevaliers, prenaient part au festin.

À la place d’honneur était Incitatus, revêtu des insignes de sa dignité. À sa droite était Caligula ; derrière lui, et pour le servir, se tenait un officier des gardes, brave et intrépide soldat, mais qu’en toute circonstance l’empereur aimait à humilier : Cassius Chéréa. En face était assis le tribun Virginius.

Tout à coup Caligula pousse un bruyant éclat de rire ; les consuls lui demandent quel peut être le sujet d’un joie si vive :

« C’est que je pense, répond le tyran, que d’un seul signe je peux vous faire égorger tous. »

À ces horribles paroles, une pâleur étrange passa sur tous les fronts des convives ; mais ce ne fut qu’un léger nuage que chassa bientôt la voix de l’empereur, qui, saisissant sa coupe, s’écria :

« Allons, buvons tous à la santé d’Incitatus ! »

Toutes les coupes se levèrent au cri de Vive Incitatus ! à l’exception d’une seule, cependant : c’était celle de Virginius.