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Page:Révoil - Les animaux historiques.djvu/49

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LES CHEVAUX DE NAPOLÉON

bataille, et lorsqu’il allait en campagne, il en avait toujours au moins douze ou quinze qui le suivaient ; cela se conçoit, attendu qu’avec lui ils se fatiguaient vite. C’étaient tous d’ailleurs des animaux parfaitement dressés, et il leur fallait passer par un rude noviciat avant d’arriver à l’honneur de porter le grand capitaine. Cette précaution était vraiment nécessaire ; car si Bonaparte était un habile général, il s’en fallait de beaucoup qu’il fût un habile cavalier. Maintes fois il fut désarçonné ; aussi, les chevaux qu’il montait devaient-ils avant tout être d’allure patiente et douce ; enfin, il ne lui fallait que des chevaux brisés. La personne qui était chargée de les dresser était son écuyer, M. Jardin père, qui s’acquittait de cette tâche avec une merveilleuse adresse. On accoutumait ces animaux à souffrir, sans faire le moindre mouvement, des tourments de toute espèce. On leur appliquait des coups de fouet sur la tête et sur la croupe ; on battait le tambour, on leur tirait aux oreilles des pétards, des coups de fusil et de pistolet, et des boîtes d’artifice ; on agitait des drapeaux devant leurs yeux ; on leur jetait dans les jambes de lourds paquets, voire même des moutons et des cochons ; en un mot, on faisait d’eux de véritables martyrs. L’Empereur n’aimait que le galop ; il fallait qu’au