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Page:Révoil - Les animaux historiques.djvu/83

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LE CHIEN D’ULYSSE

jusqu’à ses pieds. Ulysse, qui le reconnut d’abord, fut touché de son pitoyable état et versa des larmes, mais il les essuya promptement, dans la crainte qu’Eumée ne les aperçût. Adressant la parole au fidèle berger :

« Je m’étonne, lui dit le roi, qu’on laisse ainsi ce chien sur un fumier ; il est encore parfaitement beau : j’ignore si sa légèreté et sa vitesse répondaient à sa beauté, ou s’il était comme ces chiens inutiles qui ne sont bons qu’autour des tables et que les princes nourrissent par vanité.

— Ce chien, reprit Eumée, appartenait à un maître qui est mort, hélas ! loin d’ici. Si vous l’aviez vu dans sa vigueur, tel qu’il était avant le départ d’Ulysse, vous auriez admiré sa vitesse et sa force ; il n’y avait point de bêtes qu’il ne relançât au fond des forêts les plus inaccessibles. Présentement, il est accablé de peine et du poids des ans ; car son maître, qui l’aimait, est mort loin de sa patrie, comme je vous l’ai déjà dit. Les femmes du palais, négligentes et paresseuses, ne se donnent pas la peine de le soigner, et le laissent périr. »

L’intendant des troupeaux ayant fini de parler, Ulysse se fit connaître et rentra dans son palais. Peu après, le chien d’Ulysse accomplissait ses