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DE PHYSIQUE.

lant, de manière que la somme de leurs volumes, pris séparément, étoit plus grande avant le mélange.

Mais l’eau que l’on a purgée d’air le plus exactement qu’il a été possible, avant de la faire congeler, ne laisse pas d’augmenter sensiblement de volume ; ainsi, cet effet dépend en grande partie du nouvel arrangement que prennent entre elles les molécules intégrantes du liquide, en se réunissant par leur force d’affinité ; et l’on sait que ce même effet n’est point particulier à l’eau. Réaumur a observé que le fer acquiert un volume plus considérable par le refroidissement qui suit la fusion de ce métal et qui le congèle, tandis que le mercure, au contraire, dans le même cas, se contracte d’une quantité très-sensible.

219. Mairan attribue la dilatation de l’eau congelée à une espèce de désordre produit par le mouvement plus ou moins rapide qui agite les molécules tandis qu’elles se réunissent. Il en résulte, selon lui, qu’elles se croisent et s’embarrassent mutuellement sous une infinité de positions différentes, en laissant de petits vides entre elles, ce qui tend à leur faire occuper un plus grand espace que dans l’état de simple liquidité.

On conçoit effectivement que, toutes choses égales d’ailleurs, une cristallisation confuse, en donnant lieu à une multitude de petits interstices qui auroient été remplis, dans le cas d’une cristallisation plus lente et mieux graduée, puisse tendre à augmenter le volume de la masse solide produite par cette opération. Mais il paroît que l’acte seul de la cristallisation est, par lui même, au moins relativement à certaines substances, et en particulier à l’égard de l’eau, une cause immé-