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DE PHYSIQUE.

puisable, ce qui a fait donner à ce globe, le nom de réservoir commun, lorsque l’on parle de son intervention dans les phénomènes électriques. Chaque corps possède une certaine quantité du même fluide qui dépend de sa nature, et que nous appelons, pour cette raison, la quantité de fluide naturelle de ce corps. Si, par l’effet de quelque circonstance, ce fluide subit une décomposition, le corps se trouvera électrisé ; d’où l’on voit qu’il ne faut pas confondre un corps qui est dans l’état naturel, avec un corps qui n’a que sa quantité naturelle de fluide, puisque la décomposition de celle-ci peut faire sortir le corps de son état naturel, sans aucune addition de fluide étranger. Mais le corps peut aussi passer à l’état électrique, en vertu d’une quantité surabondante de l’un ou l’autre des fluides composans, qu’il auroit reçue d’ailleurs par communication.

388. Comparons maintenant l’opinion de Francklin, sur l’électrisation des corps, avec la manière de concevoir le même phénomène, dans l’hypothèse que nous avons adoptée. Ce célèbre physicien considéroit le fluide électrique comme un être simple ; et dans le passage d’un corps à l’état d’électricité, il pouvoit arriver de deux choses l’une : tantôt le corps recevoit du dehors une quantité de fluide qui s’ajoutoit à la quantité naturelle, et dans ce cas, on disoit de ce même corps, qu’il étoit électrisé positivement ; c’est ce qui arrivoit au verre, et à plusieurs autres substances, par l’effet du frottement : tantôt le corps perdoit une portion de son fluide naturel, et alors il se trouvoit électrisé négativement. C’étoit le cas de la cire d’Espagne, de la résine, de la soie, etc., lorsqu’on les frottoit. De là