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DE PHYSIQUE.

état de soutenir l’épreuve du calcul. Il partit du principe que les molécules du fluide électrique, qui dans cette théorie étoit considéré comme un être simple, se repoussoient mutuellement, et pouvoient être attirées par tous les corps connus. Supposant ensuite deux corps A et B dans l’état naturel, et par conséquent en équilibre, il trouvoit d’abord que la matière propre du corps A, par exemple, attiroit le fluide électrique de B, et que les fluides des deux corps se repoussoient mutuellement, et il prouvoit que l’attraction étoit égale à la répulsion[1]. Mais de plus, le fluide électrique de A attiroit, à son tour, la matière propre de B, et cette troisième action étoit encore égale à chacune des deux premières. Or, puisqu’il y avoit équilibre, il falloit trouver quelque part une quatrième force qui fût répulsive, et qui balançât l’effet de la troisième. Mais toutes les autres places étant prises, il n’en restoit plus, pour cette répulsion, que dans l’action mutuelle des molécules des deux corps ; et ainsi Æpinus se trouva entraîné, par la théorie, dans cette étrange conséquence, que, sous le point de vue des phénomènes électriques, les molécules de tous les corps se repoussoient. On voit, en lisant son ouvrage, qu’il rejeta cette conséquence avec une espèce d’indignation, la première fois qu’elle s’offrit à son esprit[2], et qu’il eut besoin

  1. Le raisonnement qui le conduisoit à ce résultat étoit semblable à celui que nous avons employé (406) pour démontrer l’égalité des actions qu’exercent, les uns sur les autres, les fluides de deux corps dans l’état naturel.
  2. Tentamen theor. electric. et magnet., p.39.
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