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DE PHYSIQUE.

longueur, et dont le bruit étoit semblable à un coup de pistolet. Les dangers de toutes les expériences de ce genre sont si évidens, même en supposant des précautions, qu’elles ne peuvent être tentées que par ceux chez qui la curiosité est plus forte que la crainte. Plusieurs physiciens, renversés par les commotions qu’ils reçurent en tirant des étincelles d’un appareil qui communiquoit avec l’intérieur de leur appartement, ont eu à se repentir de s’être donné un hôte si redoutable. Le célèbre Richman, professeur de physique à Pétersbourg, y perdit la vie dans une circonstance qui sembloit faite pour rendre la leçon plus frappante. Il fut renversé à côté de l’appareil même qu’il avoit disposé pour mesurer la force de l’électricité des nuages.

446. Francklin, en imaginant de soutirer la matière de la foudre, s’étoit proposé un but plus philosophique que celui de faire des expériences électriques. Il pensoit que si l’on dressoit sur un bâtiment une verge de fer terminée en pointe aiguë, et que l’on établît une communication entre cette verge et le sein de la terre, elle pourroit préserver le bâtiment d’une explosion, en épuisant le fluide des nuages orageux qui passeroient dans le voisinage. D’après cette idée, on a construit dans plusieurs endroits des instrumens de cette espèce, auxquels on a donné le nom de paratonnerres.

Beyer, artiste avantageusement connu par ses talens en plus d’un genre, et qui s’occupe spécialement de la construction des paratonnerres, a imaginé de terminer la verge de cet instrument par une pointe de platine, comme étant un métal à la fois très-réfractaire et exempt d’oxydation. Il emploie, pour conducteurs, des espèces